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Des fuites chez WhatsApp

Fuites de données ? En principe pas trop, d’après les efforts technologiques de la part de quasi tous les acteurs dans ce créneau de la communication instantanée… La sécurité assurée « de bout en bout » devrait éviter les fâcheuses fuites de contenus en-dehors du méga-empire de Facebook, acquéreur de WhatsApp il y a 7 ans…

Fuites de capitaux ? En principe, pas directement, vu que WhatsApp est toujours gratuit, contrairement aux multiples rumeurs lancées ces dernières années… Les réalistes parmi nous diront que « si c’est gratuit, c’est que c’est moi, le produit » ; affirmation plausible, vu l’apparition de publicités Facebook ciblées, manifestement en lien plus ou moins direct avec nos autres activités cybernautiques. Cela devrait d’ailleurs s’intensifier pour les clients WhatsApp non-européens (Suisse comprise) dès le 8 février 2021, avec les nouvelles conditions d’utilisation imposées par WhatsApp. RGPD vient à la rescousse des Européens qui échapperont à la collecte d’informations intensifiées de WhatsApp en faveur des clients commerciaux et de Facebook.

Fuite de clients ? Oui, c’est là que l’hémorragie semble actuellement la plus douloureuse pour ce géant de la communication qui, en quelques années, avait réussi à faire partie de notre quotidien du matin au soir… et même la nuit. Les récentes annonces de WhatsApp, ainsi que plusieurs discours de diverses personnalités (Pavel Durov – Telegram, Brian Acton – Signal, Elon Musk – Tesla) semblent actuellement faire bouger un bon nombre de ses utilisateurs – européens comme non-européens – vers la sortie.

Le nerf de la guerre

Si de nouveaux outils efficaces et plus sécures apparaissent, il subsistera toujours le fait qu’ils sont propriété de quelqu’un et que le profit reste, de manière plus ou moins directe, le moteur qui stimule les développements. Certaines applications dans le même créneau annoncent la couleur de manière plus évidente, en se vendant au client pour la (modique) somme du prix d’un café (p. ex. Threema, produit helvétique, vainqueur de nombreux tests comparatifs <<lien vers pdf>>).

Est-ce bien sage ?

Nous l’avons compris : pas de souci à se faire, pour les utilisateurs suisses de WhatsApp. Néanmoins, les études comparatives pullulent et plusieurs concurrents directs de WhatsApp croulent sous les nouveaux enregistrements de clients. Des réseaux de communications péniblement construits sur WhatsApp durant des années (groupes et listes) voient leurs membres claquer la porte, parfois de manière plutôt cavalière, alors que maintenant plus que jamais, nous avons besoin de bons liens virtuels pour la poursuite d’activités tant professionnelles qu’associatives et privées. Cela pose la question : pouvons-nous vraiment nous permettre de dissoudre des canaux de communication essentiels sur la base d’une rumeur ou d’une information carrément erronée dans une époque où les connexions fonctionnelles sont plus précieuses que jamais ?

Prudence, pureté et peurs

En fonction de nos types de personnalités, de nos diverses théologies et milieux, nous manifestons des sensibilités et des réactions très variées, ce qui ne manque pas de périodiquement créer de « joyeux » chaos dans nos communautés domestiques et/ou ecclésiales.

Jésus nous dit : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents et purs comme les colombes. » (Mt 10:16)

  • Notre contexte est corrosif, nous le savons. Même si ce verset parle avant tout du contexte pour l’annonce de l’Évangile, nous pouvons l’étendre à nos environnements médias et communications. Gare aux loups !
  • Lorsque notre prudence devient peur, nos comportements vont témoigner de réactions irrationnelles et peu constructives, tellement les peurs sont mauvaises conseillères.
  • Si nous avons besoin de cacher certaines de nos données, nous ferions peut-être bien de vérifier notre niveau de pureté (verbale, consommation d’images, etc.), lorsque nous utilisons nos puissants outils informatiques.

Oui, le choix de nos moyens de communication privés est une affaire individuelle qui implique nécessairement d’accorder le droit de décision à chacun.e. Pour être de bons décideurs sur ces questions, nous avons besoin d’être bien conscients que nos tissus relationnels actuels dépendent pour une partie des canaux de communication dont nous disposons. Déménager toute une communauté virtuelle d’un outil à un autre peut occasionner de sérieuses pertes en cours de route. 

Bonne réflexion et à bientôt sur iMessage, Signal, Threema, WhatsApp, Element, Meessenger, Google Message, Skype, Viber, Wickr Me, Wire, Telegram… !

Christian Kuhn, Directeur RES / 22.01.2021