Déjà active en Suisse depuis 2016, la secte sud-coréenne « Shincheonji » inquiète de plus en plus, notamment parmi les jeunes chrétiens. Suite à diverses demandes qui lui ont été transmises ces dernières semaines, le Réseau évangélique suisse veut sensibiliser aux méthodes raffinées utilisées par la secte pour recruter de manière offensive de nouveaux membres. Pour cela, il s’appuie sur une publication faite le 10 mai 2023 par son partenaire alémanique SEA (Schweizerische Evangelische Allianz).
Diverses caractéristiques des communautés problématiques remplies
« Shincheonji » est un mot coréen qui signifie en français « Nouveau ciel et nouvelle terre ». Avec la manière dont cette religion dite de la Nouvelle Révélation est organisée, sa façon de faire du prosélytisme, ainsi qu’avec les croyances qu’elle transmet, on peut déceler de nombreux signes critiques qui témoignent du caractère sectaire de cette organisation.
Tromperie, interdiction de critiquer
Le groupe cible est constitué en premier lieu de jeunes de 18 à 25 ans intéressés par la foi chrétienne et la Bible. Ils sont abordés principalement par le biais des médias sociaux et de manière ciblée dans l’espace public, par exemple à proximité des églises. L’identité est généralement dissimulée. Il est demandé de participer à un sondage dont les questions sont particulièrement personnelles. L’objectif est d’obtenir des informations sur la situation de vie actuelle de la personne et d’évaluer si elle fait partie du groupe cible.
Celui qui se laisse convaincre de participer à un cours biblique est trompé quant à l’identité des autres participants au cours. Les voisins de siège sont en réalité déjà membres de la secte et ont pour mission de réfuter les doutes éventuels des nouveaux, de repousser les critiques et de renforcer les contenus transmis. On est accompagné et encadré de manière intensive, mais à l’inverse, le contact avec l’environnement extérieur est de plus en plus réduit. Rien que l’engagement en temps exigé pour les formations et la fréquentation des offices religieux rend impossible la poursuite de l’ancienne vie sociale.
Culte du leadership, exclusivité
Sur le plan du contenu, le cours enseigne qu’il existe un groupe de personnes bonnes et un groupe de personnes mauvaises, les « Shincheonji » étant les bons et tous les autres les mauvais. L’église mène à la ruine, seul « Shincheonji » sera sauvé. Le fondateur Man-Hee Lee s’est couronné roi de l’univers et se considère comme un ange qui accomplit le Nouveau Testament, et ses paroles comme des paroles de Dieu. Les conditions d’adhésion (« passage de la mort à la vie ») sont trois formations, l’acceptation du guide, une présence trois à quatre fois par semaine à des manifestations et la réussite de tests.
Arnaques
On attend des membres qu’ils versent au moins un dixième de leurs revenus. De plus, la communauté se finance par le biais de différentes organisations de façade qui prétendent par exemple faire du travail pour la paix.
Love-bombing, menaces, évitement des anciens élèves
Les personnes intéressées sont submergées de compliments et envoûtées. Si l’on souhaite toutefois quitter l’entreprise, une forte pression psychologique est exercée. Si l’on parvient à ne pas céder à cette pression pendant une période prolongée, on finit par être lâché et le contact est rompu.
Toujours être à l’écoute
Selon relinfo, le plus important dans les relations avec les personnes vivant dans une communauté problématique est de maintenir le contact en toutes circonstances et de signaler que l’on est toujours là pour la personne. C’est également ce que confirme la personne qui a quitté la communauté : l’une des grandes difficultés lors de la sortie a été de se couper de son ancien environnement. Sur le plan préventif, la sensibilisation et l’information sont essentielles pour que les personnes puissent reconnaître la problématique avant de rejoindre la communauté.
D’autres informations en préparation
En Suisse, l’ampleur du phénomène est pour l’instant limitée. Il existe une communauté de « Shincheonji » à Zurich, estimée à 250 membres, ainsi qu’une autre en Suisse romande. Mais le nombre de personnes que l’on tente de recruter est incomparablement plus important, car beaucoup quittent le mouvement avant d’y être vraiment entrés. C’est ce que confirment aussi bien la fréquence des demandes de « shincheonji » sur relinfo – une poignée par semaine – que les expériences communiquées au RES. Une brochure est en cours d’élaboration par relinfo.