Une vingtaine de personnes provenant de la Suisse ont participé à la 4ème conférence du Mouvement de Lausanne qui a réuni 5’000 personnes de 200 pays différents du 22 au 28 septembre 2024 à Incheon/Séoul en Corée du Sud. Parmi la délégation suisse se trouvait Jean-Luc Ziehli, le président du Réseau évangélique suisse (RES), qui nous livre ici un témoignage à chaud. Les retombées de cette conférence pour la Suisse feront l’objet d’autres publications nécessitant au préalable un travail de mise en valeur des réflexions partagées et rapportées par les membres de la délégation suisse.
J’ai eu la grande joie de participer au congrès Lausanne 4 à Séoul et j’aimerais partager quelques impressions et inspirations à chaud !
Quelque temps avant le congrès, les organisateurs nous ont fait parvenir un rapport sur l’état de la mission au niveau mondial. Il ressort de ce rapport que la croissance du monde évangélique sur Terre ne suffit pas pour suivre la courbe démographique. Ce qui signifie qu’en relation avec la population mondiale, le taux de chrétiens évangéliques diminue. En partant de ce constat négatif, ils ont effectué un travail pour connaître les raisons de cette non-progression ou de cette progression insuffisante. Ils ont découvert 25 lacunes ou manques, sur lesquelles ils ont proposé aux participants du congrès de travailler. Chacune de ces lacunes correspond à un manque dans une dimension missionnelle de la vie de l’Église. Elles sont autant de freins pour atteindre la mission de rejoindre chaque chrétien sur chaque coin de la terre.
Ces 25 lacunes ont été étudiées dans 25 ateliers thématiques, où par groupes de 6 personnes nous avons réfléchi sur comment améliorer, corriger ces manques pour renverser cette évolution.
Parmi toutes ces failles, j’ai été particulièrement interpellé par celle de la mission sur notre place de travail et sur notre fonctionnement d’église où finalement très souvent seul 1% des personnes – les salariés de l’église – effectuent le travail de la mission et de l’évangélisation (en général). Cet énorme gaspillage a été souligné comme étant une des grandes déficiences de notre fonctionnement. Si seuls les professionnels exercent le ministère de l’évangélisation et de la mission, nous aurons de la peine à progresser. Pierre nous rappelle que chaque chrétien est un ministère et que notre lieu de travail est notre lieu de mission. Cette lacune nous oblige à revisiter notre vision de l’église et de son impact dans la société ainsi que des raisons pour lesquelles nous fréquentons une église.
J’ai également été beaucoup touché par l’évaluation de nos démarches – ou absence de démarches – sur le discipulat. L’idée de « disciples qui font des disciples ». Un pommier n’a pas pour but de produire uniquement des pommes, mais aussi de produire d’autres pommiers qui eux-mêmes reproduiront d’autres pommiers, etc. C’est certainement la mission principale, essentielle, peut-être l’unique, que Jésus nous a confiée. L’interpellation sur l’équipement de chaque chrétien et de son envoi dans sa mission, sa destinée, a été vibrant.
Les mots utilisés par les différents orateurs étaient percutants pour nous mettre en face de la réalité de ce constat missionnel. J’ai réalisé que mon contexte occidental me met dans un état d’apathie et d’endormissement. Finalement comme cette grenouille qui est dans l’eau de la casserole qui va la faire cuire sans qu’elle se sente en danger tellement cela est progressif ! Les témoignages entendus de l’Église hors Europe m’ont beaucoup touché par la pertinence, l’intégrité et la grande résolution du message de la Bonne Nouvelle. Sans aucun triomphalisme, mais avec une grande conviction.
Lors des séances plénières, chaque jour a été l’objet d’un thème différent avec des orateurs particulièrement qualifiés sur chacun des sujets abordés.
Un accent très spécifique a été mis sur l’action collaborative, mot qui est revenu tout au long des 6 jours du congrès. Le 2e jour en particulier, nous avons été invités à travailler sur la communauté missionnelle avec une collaboration active. Nous avons été également encouragés à examiner nos fonctionnements pour constater s’il y avait au niveau régional, voire national, des doublons ou même des actions qui seraient entreprises à triple dans nos organisations d’associations, d’ONG et d’églises afin de les éliminer pour rendre notre action missionnelle plus pertinente et plus percutante. Mettre le royaume de Dieu à la première place et non nos étiquettes !
Le 4e jour nous avons été mis en face de la persécution et de la souffrance dans le monde. Un orateur en particulier a passé « simplement » 5 ans de sa vie en prison lorsqu’il est revenu dans son pays du dernier congrès de Lausanne 3 au Cap. Il a plaisanté avec l’auditoire en disant espérer que son retour de Séoul cette année se passerait mieux que la dernière fois ! L’auditoire a ri un peu jaune face à son courage, à sa joie exprimée d’être là et à son talent pour interpeller sur la condition des chrétiens qui font face à la persécution dans leur pays. La liberté avec laquelle il s’est adressé à nous dans ces circonstances douloureuses était comme des uppercuts que nous recevions ! Ce jour-là, nous avons également entendu une jeune fille qui a été enlevée pour être enfermée dans une maison de prostitution. Son témoignage en direct était bouleversant et a fait pleurer plus d’un participant. Sa résilience, son courage à témoigner en public et à visage découvert pendant le congrès étaient autant d’interpellations pour chacun de nous. Comment voulons-nous, pouvons-nous, réparer l’injustice, la souffrance ? Certains comportements humains sont innommables ; ils brisent et amènent d’autres humains dans des souffrances extrêmes. Comment réparer ? Comment rejoindre et lutter contre toutes ces horreurs ?
Il y aura encore beaucoup de choses à partager sur la richesse des interventions entendues. Les 40 Suisses délégués ne manqueront pas de partager et diffuser ce qui les a marqués et inspirés. Un travail en commun sera également accompli. Voilà en quelques mots ce qui m’a impacté, entre autres pépites.
Si vous voulez en savoir davantage sur le bilan global de cette conférence, RDV sur le site du Mouvement de Lausanne en cliquant ICI.