Non à la LPMA

La Loi sur la procréation médicalement assistée (LPMA) porte atteinte à la dignité inhérente à chaque être humaine en hiérarchisant les vies dignes d’être vécues ou non et a pour effet secondaire la discrimination des personnes avec un handicap. Avec un « screening chromosomique » systématique, notre société s’engagerait sur une pente dangereusement glissante. Le Réseau évangélique suisse (SEA∙RES) recommande de voter « non » à la LPMA le 5 juin.

A première vue, le diagnostic préimplantatoire (DPI) peut sembler être un progrès. Les parents procédant à une fécondation in vitro pourront désormais faire dépister les anomalies chromosomique de l’embryon, afin d’éviter de donner naissance à un enfant gravement malade ou handicapé. En réalité, ce développement n’est une bonne nouvelle ni pour les parents, ni pour les personnes handicapées survivantes, ni pour une société, menacée par les dérives eugéniques.

Non – parce que les parents sont mis sous pression

Détruire un embryon, c’est détruire une vie humaine en formation. Un tel acte n’est jamais anodin. Lorsqu’en plus, il s’agit de refuser la vie à cet embryon, parce qu’il est potentiellement porteur d’une maladie, on place les parents devant une lourde responsabilité. Une telle décision n’est pas sans conséquences psychologiques. En revanche, si les parents choisissent de donner la vie sans sélection préalable et qu’ils venaient à donner naissance à un enfant ayant une maladie héréditaire, ils risqueraient de se retrouver confronté à l’incompréhension de leurs proches. Il n’est pas impossible que ce choix pour la vie puisse aussi un jour avoir des conséquences financières, si par exemple, les caisses maladies venaient à exiger le diagnostic préimplantatoire.

Non – parce que les personnes handicapées et leurs proches en souffriront

Si les embryons porteurs d’une anomalie sont systématiquement écartés, la solidarité avec les personnes handicapées et celles qui ne correspondent pas aux normes de la société est sérieusement menacée. Leur intégration sera plus difficile. Au lieu d’être accueillies avec amour et respect, elles risquent de se voir encore davantage discriminées et d’être considérées comme « une charge évitable » pour la société. De plus, les parents se verraient confrontés au reproche de ne pas avoir mis tous les moyens techniques en œuvre pour empêcher qu’un enfant avec un handicap ou une maladie soit mis au monde.

Non – parce que cette loi est déraisonnable et disproportionnée

Tandis que le Conseil fédéral avait demandé de limiter le diagnostic aux couples porteurs d’une maladie héréditaire, la loi systématise le test en l’autorisant pour toutes les fécondations in vitro. Pourtant, ce test n’est pas sans danger, puisque le DPI peut abîmer les embryons et que par la suite, les enfants nés après une fécondation in vitro présentent de plus grand risques de développer des problèmes de santé graves. De plus, la loi reste très floue sur les critères d’identification des maladies héréditaires et le manque de mécanismes de contrôle pose dès maintenant la question du glissement vers des pratiques eugéniques. En effet, sachant que les parents désirent un garçon ou une fille, et sachant que cette information sera disponible suite au DPI, qu’est-ce qui retiendra un médecin de privilégier tel ou tel embryon sain, pour satisfaire au vœu des parents ?

Non – parce que chaque vie humaine est digne d’être accueillie

Etre enceinte, c’est être dans l’attente d’une vie qui est offerte au couple, comme le fruit de leur amour. C’est être ouvert à l’être unique qui sera donné et confié à ses parents. Ces derniers le protégeront, l’accompagneront et l’enseigneront jusqu’à ce qu’il atteigne progressivement sa maturité et son indépendance. Cet accueil est sans conditions et on ne saurait fixer certaines des caractéristiques de l’enfant à l’avance, en fonction des désirs ou des craintes des parents. Car cet être ne sera pas juste une projection de ce qu’ils voudraient qu’il soit : c’est une personne à part que l’on accueillera tel qu’il est, avec ses faiblesses et sa vulnérabilité mais aussi avec une beauté et une dignité unique.